
Règles de rassemblement communautaire et partitionnement des ressources dans les communautés de caméléons malgaches : un test critique du concept d'écomorphe ?
Proposition de Thèse doctorale
La compréhension de la formation et de la coexistence des communautés d'espèces étroitement liées est cruciale pour la conservation. Les recherches antérieures, principalement axées sur les lézards du genre Anolis, ont mis en évidence l'importance de la convergence évolutive et du concept d'écomorphe dans la structuration de ces communautés. Cependant, la validation de ces concepts chez d'autres lézards reste limitée. Les caméléons de Madagascar offrent une opportunité unique pour explorer ces idées, car ils présentent des communautés complexes sur l'île, bien que les données nécessaires pour le faire manquent actuellement. Nous proposons donc un projet intégratif axé sur la morphologie, la performance et l'écologie des communautés de caméléons pour mieux comprendre comment ces espèces répartissent les ressources.
Collecte de données
Nous quantifierons l’utilisation des niches écologiques pour les 13 espèces de caméléons qui composent la communauté de la réserve de Vohimana, à Madagascar. Cette communauté est intéressante en raison de sa diversité spécifique et morphologique. De plus, elle contient le plus grand (Calumma parsonii) ainsi que certains des plus petits caméléons (Brookesia). Nous analyserons leur habitat, leur alimentation et leurs préférences thermiques en utilisant des méthodes non invasives. Ces données inédites seront cruciales pour envisager des projets de conservation in et ex situ.

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Relation: forme - fonction
Pour comprendre comment la variation de la morphologie peut permettre le cloisonnement des niches chez les caméléons, nous étudierons les espèces de la réserve de Vohimana. Nous mesurerons leurs performances physiques, telles que la force de morsure et de préhension, ainsi que leur vitesse de sprint. Nous filmerons également la capture de proies et nous quantifierons les performances de projection de la langue à l'aide de caméras portables à haute vitesse. Enfin, nous examinerons leur dépendance thermique et mesurerons les limites physiologiques pour chaque espèce.
Source: Ekhator, Chukwuyem, et al. (2023). Locomotor characteristics of the ground-walking chameleon Brookesia superciliaris. Journal of Experimental Zoology Part A: Ecological and Integrative Physiology, vol. 339, no 6, p. 602-614.
Axes de différenciation
À partir de collections du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et d’ailleurs, nous comparerons les communautés de caméléons de cinq régions de Madagascar. Nous évaluerons leur composition communautaire (diversité des espèces) et occupation morphologique (diversité morphologique) pour tester si le concept d’écomorphe, observé chez les Anolis des Caraïbes, s'applique aux caméléons. Nous examinerons la morphologie de 30 individus de chaque espèce sur chaque site, lorsque possible, pour comprendre la variation intra et interspécifique.
Photo: Martin Etave


Modélisation de niches
En utilisant les données des chapitres précédents, nous modéliserons les niches écologiques pour évaluer la capacité des communautés de Vohimana à persister face à divers scénarios de changement climatique. Nous établirons des modèles de niche mécanistes prenant en compte la biologie et la physiologie des espèces, offrant des prévisions plus précises que les modèles traditionnels. Nous calculerons des surfaces de réponse basées sur la température et la taille du corps des caméléons, que nous utiliserons pour prédire leur distribution future à Madagascar.
Source: Galante, Peter J., et al. (2018). The challenge of modeling niches and distributions for data-poor species: a comprehensive approach to model complexity. Ecography, vol. 41, no 5, p. 726-736.