
Elevage conservatoire des caméléons de Madagascar
Ce haut lieu de la diversité biologique abrite près de 50% de toutes les espèces actuelles de caméléons. Même si la majorité des reptiles menacés de Madagascar se trouvent dans le réseau national d'aires protégées, les menaces qui pèsent sur ces espèces opèrent à l'intérieur et à l'extérieur des aires protégées

L'isolement de Madagascar au cours des temps géologiques a fait évoluer la faune et la flore de façon unique. On trouve sur cette île de très nombreuses espèces endémiques, dont presque la moitié des espèces de caméléons décrits actuellement par la science. La plus grande diversité de caméléon se retrouve au nord et à l’est de l’ile.
Carte de diversité des caméléons (Jenkins et al. 2014)
[ID projet 0.2]
Madagascar est composé d’une mosaïque de zones climatiques : des régions au climat tropical humide du nord et de l’est jusqu’au climat subdésertique de l’extrême sud, en passant par la zone ouest recouverte de savanes et les Hautes Terres subtropicales du centre situées à 1'200 ou 1'500 m d’altitude.
La déforestation à Madagascar est considérée comme l'une des plus préoccupantes du monde tropical. La biodiversité y est très fragilisée par le développement de l'agriculture et par la déforestation. Ce pays figure également au septième rang des pays les plus affectés par le changement climatique (2017, Global Climate Risk Index). Les projections scientifiques considèrent même que « Même si nous limitons l’augmentation de la température de la Terre à 2 °C - objectif des pays signataires de l’accord de Paris- , la situation climatique sera insoutenable pour 25 % des espèces de Madagascar. Ce qui provoquera leur extinction dans les années 2080 » (WWF, 2019).
Calumma parsonii
LE PLUS GRAND CAMELEON DU MONDE
Cette espèce emblématique est endémique des zones de forêts primaires humides des côtes nord et est de Madagascar. Elle est actuellement représentée par deux sous-espèces : Calumma parsonii parsonii (Cuvier, 1824) qui fréquente les forêts de montagne de la zone orientale de Madagascar et Calumma parsonii cristifer (Methuen & Hewitt, 1913) qui se trouve dans la forêt tropicale humide autour d’Analamazaotra et Mantadia.
Plusieurs formes géographiques sont connues pour la sous-espèce nominale (Calumma parsonii parsonii) : Yeux orange (OE) : Sud de Tamatave à Mananara, y compris Nosy Boraha ; Lèvres blanches (WL) : Ranomafana ; Géant Jaune (YG) : Vohimana et Anosibe an’Ala ; Géant Vert (GG) : Masoala et autour de la baie d’Antongil ; Yeux mauves (PE) : connu du commerce des animaux basé sur quelques spécimens seulement ; Géant huppé (CG) : Nord-est de Vohimana ; Yeux orange sans corne (HOE) : est de Vohimana (Necas, 2022).
Sa taille (longueur totale) varie entre 50 cm (C. p. cristifer) et 65 cm (C. p. parsonii). Les mâles sont plus grands que les femelles. La maturité sexuelle est atteinte vers 2 à 5 ans, elle semble plus précoce chez la C. p. cristifer. Les femelles pondent entre 38 et 63 œufs après une gestation d’une durée de 3 à 5 mois. La durée d’incubation est de 14 à 24 mois. La durée de vie moyenne de cette espèce est assez longue pour un caméléon, elle se situe entre 10 à 12 ans dans la nature et jusqu’à 14 ans en captivité (Jenkins, et al., 2011).
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MENACÉ D’EXTINCTION
Le caméléon de Parson est classé comme une espèce « Presque menacée » (NC) selon les critères de l’UICN. Le déclin de sa population est potentiellement proche de 30% au cours des 15 à 18 dernières années, rendant ce caméléon proche d’être classée comme une espèce menacée d’extinction (Jenkins, et al., 2011). Ce grand caméléon se produit régulièrement dans des densités de population plus faibles que les autres espèces (Brady et Griffiths (1999).
La perte de forêt humide, principalement par conversion de l'agriculture par coupure et brûlure, mais aussi en raison de l'exploitation forestière, est une menace pour cette espèce. Une grande partie de l'habitat de cette espèce est extrêmement fragmentée, et il est peu probable que de petits fragments de forêt soient viables pour assurer la survie de cette grande espèce dont la densité de ses populations est faible (Jenkins, et al., 2011).
Brady, L.D., Griffiths, R.A. 1999. Status Assessment of Chameleons in Madagascar. IUCN Species Survival Commission. IUCN, Gland, Switzerland and Cambridge, UK.
Craig D. 2022. A successful model for breeding parson’s chameleons. Responsible Herpetoculture Journal 3: 15-24.
Jenkins, R.K.B., Andreone, F., Andriamazava, A., Anjeriniaina, M., Brady, L., Glaw, F., Griffiths, R.A., Rabibisoa, N., Rakotomalala, D., Randrianantoandro, J.C., Randrianiriana, J., Randrianizahana , H., Ratsoavina, F. & Robsomanitrandrasana, E. 2011. Calumma parsonii. The IUCN Red List of Threatened Species 2011: e.T172896A6937628. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2011-2.RLTS.T172896A6937628.en. Accessed on 25 February 2023.
Marushchak O., Ivanuna E., Ivanuna A., Kryvosheyeva L., Prokopiev S., Cornu F., Kiselev A., Durbin C., Sako N. Calumma parsonii (Cuvier, 1824) or Parson’s chameleon: keeping and reproducing at BION Terrarium Center.
Necas, P., 2022. The Greatest paradox of Parsons’ Chameleon (Calumma parsonii) the king of the Malagasy jungle, the flagship species, understudied, and close to extinction. Responsible Herpetoculture Journal 3: 27-33
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