
Elevage conservatoire
des caméléons d'Afrique continentale
L'Afrique de l'Est (Éthiopie, Kenya, Tanzanie, Malawi, nord du Mozambique, Rwanda et Ouganda) détient un pourcentage élevé (38%) des caméléons du monde

En Afrique continentale, la diversité et l’endémisme des caméléons sont particulièrement remarquables dans les forêts de la zone d’afromontane de l'arc oriental et des montagnes du Rift méridional (s'étendant des collines Taita au Kenya aux montagnes Livingstone dans le sud de la Tanzanie).
Ces zones sont caractérisées par des espèces à répartition restreinte, en particulier dans les régions montagnardes ce qui contribue à la grande richesse et à l'endémisme.
L'Afrique australe compte un grand nombre d'espèces, dont beaucoup sont à aire de répartition restreinte, mais celles-ci sont souvent réparties sur des zones plus vaste qu'à Madagascar.
Carte de diversité des caméléons (Tolley & Herrel. 2014)
[ID projet 0.1]
Les zones qui conservent la plus grande diversité de Caméléons en Afrique sont également celles qui subissent la plus forte pression d'altération de l'habitat (Myers et al., 2000; Burgess et al., 2007; Fjeldså et Burgess, 2008; Hall et al., 2009; Menegon et al., 2008, 2011; Williams, 2012).
« Le nombre de micro-organismes, plantes, invertébrés, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères menacés par une série de facteurs d’origine humaine tels les changements climatiques, la conversion des habitats, la surexploitation, le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages, la pollution et les espèces exotiques envahissantes, ainsi que les facteurs d’origine naturelle tels les maladies, les parasites et les catastrophes naturelles, a augmenté au cours des deux dernières décennies… Tous les futurs scénarios plausibles analysés dans le cadre de l’évaluation pour l’Afrique soulignent que ces facteurs vont globalement se renforcer, entraînant des incidences négatives sur la biodiversité… » (IPBES, 2018)
Bibliographie:
Burgess et al. 2007. Correlations among species distributions, human density and human infrastructure across the high biodiversity tropical mountains of Africa. Biological Conservation 134:164–177.
Fjelds et al. 2008. The coincidence of biodiversity patterns and human settlement in Africa. African Journal of Ecology 46:33–42.
Hall et al. 2009. Conservation implications of deforestation across an elevational gradient in the Eastern Arc Mountains, Tanzania. Biological Conservation 142:2510–2521.
Menegon et al. 2011. Herpetofauna of montane areas of Tanzania. 4. Amphibians and reptiles of Mahenge Mountains, with comments on biogeography, diversity, and conservation. Fieldiana Life and Earth Sciences 4:103–111
Menegon et al. 2008. The Nguru Mountains of Tanzania, an outstanding hotspot of herpetofaunal diversity. Acta Herpetologica 3:107–127.
Tolley & Herrel. 2014. The Biology of Chameleons. University of California Press: 288 p.
IPBES. 2018. Plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques Sixième session. Medellin (Colombie) : 48 p.
Myers et al. 2000. Biodiversity hotspots for conservation priorities. Nature 403:853–858.
Williams, J. 2012. Humans and biodiversity: population and demographic trends in the hotspots. Population & Environment Epub before print.
Trioceros jacksonii
UN REPTILE DU FROID
Le Caméléon de Jackson est originaire des forêts d’altitudes (parfois plus de 2'000 mètres) du Kenya et de la Tanzanie. C’est une espèce qui présente une adaptation spécifique aux conditions climatiques de montagne : des températures moyennes basses, de fortes amplitudes thermiques, un niveau d’hygrométrie élevé et des périodes ensoleillées sporadiques.
Cette espèce est actuellement divisée en 3 sous-espèces :
Le caméléon de Jackson : Trioceros jacksonii jacksonii (Boulenger, 1896)
Le caméléon à trois cornes du Mont Kenya : Trioceros jacksonii xantholophus (Eason, Ferguson & Hebrard, 1988)
Le caméléon nain du Mont Meru : Trioceros jacksonii merumontanus (Rand,1958).
Les adultes de la plus grande sous-espèce (T. j. xantholophus) atteignent généralement une trentaine de centimètres (longueur totale) pour les mâles et un peu moins pour les femelles. Chez cette sous-espèce, les mâles se distingues facilement avec la présence de 3 cornes rostrales. Chez les deux autres sous-espèces, les femelles peuvent présenter 1 ou 3 cornes selon les individus.
Cette espèce de montagne est ovovivipare. La durée de gestion se situe entre 6 et 8 mois. Les portées sont constituées de 10 à 28 nouveau-nés. La maturité sexuelle est atteinte rapidement, entre 6 à 10 mois, les mâles sont plus précoces que les femelles. Il est préférable d’attendre l’âge de 12 à 18 mois avant de composer les couples pour les premiers accouplements.
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UNE ESPÈCE PAS ENCORE FORTEMENT AFFECTÉE
Trioceros jacksonii est répertoriée comme « préoccupation mineur – LC ». Bien qu’elle ne soit apparemment pas fortement affectée par le changement d'habitat anthropique ou par les niveaux actuels de récolte dans son ensemble, il existe des préoccupations quant à la durabilité de l'échelle d'exploitation de la sous-espèce tanzanienne, qui peut devenir une préoccupation majeure en matière de conservation si des recherches futures suggèrent que cela justifie la reconnaissance en tant qu'espèce distinct (Tolley, 2014).
Tolley, K. 2014. Trioceros jacksonii. The IUCN Red List of Threatened Species 2014: e.T172531A109922526. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2014-3.RLTS.T172531A1344462.en. Accessed on 25 February 2023.
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Bradypodion thamnobates
UN CAMELEON NAIN
Ce caméléon nain est endémique du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud et a une distribution limitée se trouvant dans les Midlands du Natal, en particulier à proximité de Howick, Mooi River et Nottingham Road (Tolley et Burger, 2007). Il vit à une altitude située entre 1'000 et 1'400 mètres (Raw, 1976) et fréquente aussi bien dans les fragments restants de forêt, que dans les jardins et les bords de route.
Dans son habitat naturel, la saison des pluies s'étend d'octobre à avril. La température maximale est d'environ 30°C en janvier avec une chute nocturne à 15°C. En juillet, la température maximale est d'environ 20°C avec une chute nocturne en dessous de 10°C et parfois en dessous du point de congélation. Le taux d’hygrométrie est également variable en fonction des saisons: entre 70 et 100% durant l’été et 30 à 70% durant les mois d’hiver.
Sa taille adulte varie entre 6 et 8 cm (nez-cloaque). Cette espèce est ovovivipare et la durée de gestion est de 5 à 8 mois. La femelle donne naissance de 8 à 16 petits. La maturité sexuelle est précoce et intervient entre 4 et 6 mois.
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EN DANGER D'EXTINCTION
Bradypodion thamnobates est répertoriée comme « En danger - EN ». Bien qu’elle puisse être localement abondante, une grande partie de son aire de répartition est fortement transformée. La zone est soumise à une forte pression anthropique de l’urbanisation, de l'agriculture et de la silviculture (Skowno et al. 2019), et l'espèce est considérée comme mal protégée (Tolley et al. 2019a). On soupçonne que plus de la moitié de la population se présente sous forme de petites sous-populations génétiquement isolées, et que celles-ci ne sont pas viables à l'avenir (Tolley, 2022).
Raw, L.R.G., 1976. A survey of the dwarf chameleons of Natal, South Africa, with descriptions of three new species (Sauria: Chamaeleonidae), Durban Museum Novitates 7, pp. 139-139: 154 - 157
Skowno, A.L., Matlala, M.S., Kirkwood, D. 2019. Chapter 7: Ecosystem Assessments. In: Skowno A.L., Raimondo D.C., Poole C.J., Fizzotti B. (ed.), National Biodiversity Assessment 2018 Technical Report Volume 1: Terrestrial Realm. South African National Biodiversity Institute, Pretoria.
Tolley, K.A. and Burger, M. 2007. Chameleons of Southern Africa. Struik, Cape Town.
Tolley, K.A., Weeber, J., Maritz, B., Verburgt, L., Bates, M.F., Conradie, W., Hofmeyr, M.D., Turner, A.A., da Silva, JM. and Alexander, G.J. 2019. No safe haven: Protection levels show imperilled South African reptiles not sufficiently safe-guarded despite low average extinction risk. Biological Conservation 233: 61-72.
Tolley, Tilbury & Burger 2022. Convergence and vicariance: speciation of chameleons in the Cape Fold Mountains, South Africa, and the description of three new species of Bradypodion Fitzinger, 1843. African Journal of Herpetology, Vol. 71 - Issue 1 : p. 14-38.
Tolley, K.A. 2022. Bradypodion thamnobates. The IUCN Red List of Threatened Species 2022: e.T3017A197397461. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2022-1.RLTS.T3017A197397461.en. Accessed on 25 February 2023.
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